février 10, 2021

8ème formation sur l’artémisia financée par AM-ENR au Niger

Par Lilia Mopondi

I/ Introduction

Je suis Lilia MOPONDI, élève de 3e au collège La Malmaison et actuellement en stage au sein de AM-ENR. Une de mes tâches concerne la rédaction de cet article.

II/ Le paludisme

Le paludisme est une maladie qui se transmet par voie sanguine par des femelles moustiques appelées moustiques anophèles. Elle existe depuis près de 20 000 ans et est encore très présente aujourd’hui, notamment sur la terre mère et dans les régions à climat tropical (source: pasteur.fr). Elle cause des complications au niveau de l’organisme allant jusqu’au décès. En 2018, on compte environ 228 millions de cas de paludisme et environ 405 000 morts (source : https://www.who.int/malaria/media/world-malaria-report-2019/fr/)

Au Niger, entre le 1er Janvier 2020 et le 07 Octobre 2020 il y a eu environ 2 500 000 cas de paludisme et 2 449 morts (chiffres de aa.com.tr). C’est un pays parmi tant d’autres où l’on peine à éradiquer cette maladie… C’est là qu’intervient l’artémisia.

III/ L’artémisia

L’artémisia est une plante traditionnelle médicinale utilisée dans diverses régions du monde aussi bien en Asie qu’en terre mère.

Il existe deux sortes d’artémisia:

  • L’artémisia annua, originaire des hauts plateaux de Chine (utilisée depuis 168 ans avant notre ère), c’est celle qui est utilisée lors des formations puisqu’elle a démontré une meilleure efficacité contre le paludisme (source: kokopelli-semences).
  • L’artémisia afra, originaire de la terre mère est utilisée depuis des siècles dans la médecine traditionnelle pour soigner le paludisme et autres parasites. En revanche, elle produit difficilement des graines viables (source: https://maison-artemisia.org/).

L’artémisia annua a été utilisée par les Vietnamiens lors de la guerre du Vietnam en 1967, pour guérir leurs soldats qui souffraient du paludisme afin de leur permettre de combattre.

Cependant cette plante est devenue mondialement connue qu’à partir de 1981, à l’occasion du 4ème Congrès du groupe de travail scientifique sur la chimiothérapie du paludisme.

Le problème est que les médicaments actuels servant à lutter contre le paludisme sont très coûteux alors que les populations touchées par le paludisme sont majoritairement pauvres et n’ont donc pas les moyens de s’offrir ces traitements. De plus les parasites deviennent résistants à ces médicaments.

Pamela WEATHERS a mené de nombreuses études et fait des découvertes qui lui ont permis de prouver que les molécules présentes dans les feuilles sèches d’artémisia accentuent l’absorption de l’artémisinine et amplifient son effet anti-paludique (source : kokopelli-semences).

Les travaux de Jérôme MUNYANGI sur la terre mère menés au Kongo ont également prouvé l’efficacité de l’artémisia face au paludisme (Voir les liens suivants : https://www.youtube.com/watch?v=IHlWYcz8r-Q et https://www.youtube.com/watch?v=W6TgP5RlsDQ).

Nous retenons donc que l’artémisia permet de guérir le paludisme et bien d’autres maladies tout en étant facile à cultiver et accessible au plus démunis.

IV/ Le déroulement de la formation sur l’artémisia au Niger

Ainsi, AM-ENR a décidé de participer à la vulgarisation de l’artémisia sur la terre mère afin de faire connaître ses vertus.

Etant à la recherche de formation sur l’artémisia au Niger, via l’intermédiaire du formateur Monsieur Souleymane BAHAR, et d’un des collaborateurs d’AM-ENR, Monsieur HAMIDOU, la formation a pu être organisée du 19 et 20 Décembre 2020 au Centre Oasis Koira Kano, à Niamey. Ci-dessous l’affiche de la formation:

Les jardins Epice’s est une association qui a pour but de « vulgariser et promouvoir les espèces végétales locales, notamment les plantes médicinales et l’agro-écologie ».

Vous pouvez aller sur leur page Faceboook pour plus d’information: https://www.facebook.com/pg/Les-jardins-Epices-337158933557747/posts/

Pour ce faire cette association organise des formations et a collaboré avec La Maison de l’Artémisia pour celle-ci.

La formation s’est déroulée de manière suivante:

  • En premier lieu, les personnes formées ont découvert les deux principales espèces d’artémisia, à savoir l’annua et l’afra, qu’elles ont observé dans des bois jetables en plastique transparent pour voir les différences entre ces deux espèces et la durée de leur cycle de vie.
  • Puis les personnes formées ont visionné un film qui leur a permis de connaître l’origine de cette plante, ses vertus, les problèmes que rencontrent les personnes qui la produisent et surtout de savoir comment elle permet de lutter contre le paludisme, une maladie qui tue en masse en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.
  • Ensuite les formateurs leur ont parlé de La Maison de l’Artémisia: les pays dans lesquels elle est installée, leurs objectifs et les soucis qu’elle rencontre avec certaines autorités (purement interdite dans certains pays d’Afrique).
  • Les personnes formées ont ensuite appris comment se fait le séchage, la conservation, la transformation en tisane et la quantité par personne et par jour nécessaire:
un plan et une tisane d’artémisia

  • En second lieu, elles sont passées à la pratique. Elles ont utilisé un bidon de 25 litres qu’elles ont ensuite divisé en deux dans le sens de la longueur à l’aide d’un outil équipé d’une scie. Elles ont fait des trous sur le dessous d’une moitié de bidon avec une perceuse, pour la porosité. L’autre moitié du bidon va servir à faire le mélange de sable et du compost, de quantité égale 50-50. Elles ont donc appris comment fabriquer leur propre compost avec une méthode simple: lorsque la décomposition est finie il faut tamiser le compost pour avoir des éléments fins, ensuite il faut trouver du sable qu’il faut également tamiser:
fabrication du compost

  • Puis les formateurs leur ont donné quatre méthodes pour détruire les germes des mauvaises herbes, mais la plus efficace consiste à chauffer une certaine quantité d’eau à 100-110 °C, la verser sur le sable et attendre 5 minutes pour que l’eau puisse faire effet sur les germes.
  • Une fois débarrassées de ces germes, les personnes formées ont pris la moitié de ce sable, la moitié du compost et les ont mélangé dans la moitié de bidon non-trouée, puis ont déversé ce mélange dans la moitié de bidon trouée pour l’arroser abondamment à l’aide d’un pulvérisateur:

  • Après l’arrosage, elles ont fait des sillons d’environ 5mm de profondeur en surface à l’aide d’un morceau de planche de 5mm de largeur. Et pour le semi, elles ont mélangé une cuillère à café des graines d’artémisia et 10 cuillères de compost dans un bol. Cela permet de réduire la concurrence des plans dans la pépinière car les semences de l’artémisia sont très petites:

  • Après le semi, elles ont couvert les graines d’une fine couche du mélange sable-compost, elles ont arrosé abondamment et pour finir, les ont déposé dans un hangar à l’abri du soleil:
semi recouvert d’une fine couche de sable

  • Les personnes ayant suivi cette formation ont bénéficié de tisane à chaque pause et ont eu l’occasion de déjeuner tous ensemble.
  • A la fin, chacun a reçu un diplôme, un plan et un sachet des semences d’artémisia:
  • Ci-dessous la photo de nos collaborateurs:

V/ Après la formation

Monsieur HAMIDOU, qui fait également partie des personnes formées, nous a informé que les récoltes auront lieu dans un mois ou deux. Pour l’instant seuls les plans donnés par les formateurs ont commencé à donner des graines. En attendant d’avoir un lieu pour permettre la production en masse d’artémisia, Monsieur HAMIDOU a décidé que les premiers plans seront distribués afin de contribuer à la vulgarisation de l’artémisia au Niger et il fera ensuite un second semi qui sera consacré à la commercialisation.

Le soir de la formation, Madame CORNET VERNET, qui est la fondatrice de l’association La Maison de l’Artémisia, a publié des photos de la formation faite par son collaborateur Souleymane BAHAR au sein du groupe « La Maison de l’Artémisia » propre à l’ensemble de ses collaborateurs: